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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 23:28

1Camp.jpgCe sera "le plus grand camp" de déplacés en Syrie, promettent ses maîtres d'oeuvre. Dans le village de Qah (nord-ouest), bulldozers et volontaires s'affairent à la construction d'un camp qui doit accueillir dès cette semaine des milliers de Syriens fuyant la guerre.

 

Hébergés chez des proches, dans des écoles, ou, pour les plus pauvres d'entre eux, installés sommairement au beau milieu des vergers d'oliviers, ces déplacés ont trouvé refuge dans la région d'Atme, base arrière de la rébellion à la frontière avec la Turquie.

 

"J'amenais régulièrement de l'aide à Atme, j'ai été frappé par le malheur de ces déplacés" qui campent à quelques mètres des barbelés marquant la frontière, raconte cheikh Omar Rahmun, à l'origine du projet et futur "manager" du camp.

 

Avec le soutien de plusieurs personnalités locales, engagées derrière la "révolution" contre le régime de Bachar al-Assad, ce religieux d'une trentaine d'années parvient à collecter les premiers fonds.

 

"Ce projet est une initiative locale, menée avec le soutien financier de donateurs libyens", explique-t-il. "Toutes les contributions sont les bienvenues".

 

Les travaux ont débuté il y a une dizaine de jours à flanc d'une colline rocailleuse, en périphérie du village de Qah, voisin d'Atme.

 

Près de 40.000 mètres carrés de terrain agricole ont été achetés ou cédés gracieusement par des paysans: les champs d'oliviers ont été déracinés pour laisser la place aux bulldozers et aux travaux de terrassement. Des blocs sanitaires en préfabriqué -douches et toilettes- ont été installés.

 

Alors que l'aménagement du site n'est pas encore achevé, les premières tentes de toile beige sont plantées samedi par une noria de jeunes villageois, malgré les bourrasques de vent et les orages à répétition.

 

"Nous travaillons dur, l'hiver va commencer, les pluies sont déjà là. D'ici une semaine, tout doit être terminé", promet Hasan al-Atrash, "ingénieur" du projet, qui a dû fuir il y a deux mois son cabinet d'architecte à Alep pour venir se réfugier dans son ancienne maison de campagne d'Atme.

 

"Ce camp est très important pour aider les réfugiés à vivre décemment et à passer la période hivernale", souligne Hasan, se réjouissant de cette première initiative du genre sur le territoire syrien.

 

La sécurité sera assurée par les membres de la Brigade des martyrs d'Al-Ariye, tous villageois de Qah, sous le commandement de son chef Abou Kharko. "Le principal problème sera de gérer les nombreux hommes en armes qui viendront visiter leur famille", prévoit ce dernier.

 

Les premières positions de l'armée sont à une trentaine de kilomètres, donc pas de risque de tirs d'artillerie. La probabilité d'un bombardement aérien est relativement faible, vue la proximité de la frontière turque (2,5 km à vol d'oiseau). Par précaution, des mitrailleuses lourdes seront cependant déployées sur des points hauts.

 

Les premières familles sont attendues dès dimanche pour s'installer. "Nous prévoyons dans un premier temps plus d'une centaine de tentes pour une capacité d'accueil de 5.000 personnes", précise cheikh Omar.

 

"Si nécessaire, les terrains voisins seront achetés, nous pourrons héberger jusqu'à 10.000 déplacés", affirme l'imam, qui s'est vu promettre notamment une aide du Conseil national syrien (CNS, opposition).

 

Pour les populations locales sunnites, entièrement acquises à la cause de la "Syrie libre", la solidarité est naturelle avec ces familles venues de la province d'Idleb et des provinces voisines, dont les pères et les frères combattent souvent au sein de la rébellion dans leur région d'origine.

 

"Il est important que nos combattants puissent mettre leur famille à l'abri dans de bonnes conditions", réfléchit cheikh Omar."

 

Sur le papier, le plan est de faciliter le transit des réfugiés syriens vers la Turquie". Plus de 100.000 Syriens ont déjà trouvé refuge chez le voisin turc, selon les chiffres officiels d'Ankara, sans doute en deçà de la réalité.

 

"Mais rares sont ceux qui pourront désormais se rendre en Turquie", alors que l'armée turque a considérablement renforcé sa surveillance de la frontière. "Au moins ces volontaires à l'exil seront-ils hébergés dans leur pays avec un minimum de dignité".

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Le 15 mars 2011, la Syrie entre en révolution. La contestation débute dans la ville de Deraa, puis s’étend peu à peu à tout le pays. L’armée investit massivement les villes et plonge le peuple dans un quotidien incertain et dangereux. Ce site témoigne du soulèvement d'un pays pour une démocratie. Isolé, le peuple livre seul sa révolution face à une dictature transmise de père en fils depuis 1970.


 

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