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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 22:35

 

"C’est une véritable guerre". Frédéric Lelièvre, infirmier anesthésiste à La Roche-sur-Yon, en Vendée, vient de passer trois semaines dans le nord de la Syrie, où Médecins sans frontières (MSF) a transformé une villa en hôpital clandestin. Là-bas, au sein d’une équipe d’une dizaine de personnes, il a vu arriver des gens "dans des états terribles, déchiquetés", des enfants "avec des jambes, des bras en moins", raconte-t-il au micro d’Europe 1.

 

Depuis fin juin, "nous avons admis à peu près 1.300 blessés dans cette structure". 300 patients ont été opérés, essentiellement pour des blessures causées par "des bombardements, des éclats d’obus, des tirs d’artillerie, des tirs par balles, des snipers". "C’est une population civile essentiellement, avec une majorité de jeunes entre 20 et 30 ans, 5 à 10% de femmes, 20% d’enfants et d’adolescents de moins de 20 ans", analyse l’infirmier.

 

Des médecins "persécutés"


Ces civils "ont beaucoup de mal à se faire soigner, puisque beaucoup d’hôpitaux se font bombarder". Et pour atteindre l’hôpital clandestin de MSF, "c’est un double parcours du combattant" pour la population, car "les autorités les empêchent de parvenir jusqu’à nous". Quant aux médecins syriens qui tentent de soigner les blessés, ils sont "parfois persécutés par le régime".


Frédéric Lelièvre ne demande qu’une chose : "qu’on nous laisse travailler, qu’on nous laisse soigner nos blessés". Et l’infirmier de conclure : "on ne soigne pas les blessés pour contester le régime syrien, mais on n’a pas d’autre choix que de désobéir au régime pour les soigner". Depuis le début de la révolte, le conflit a fait plus de 34.000 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

 

Voir la vidéo de "Médecins Sans Frontières" sur l'hôpital clandestin en Syrie.

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 23:33

bachar-al-assad-grace-m.jpg

 

Le président syrien Bachar al-Assad a décrété mardi une "amnistie générale", tout en excluant les crimes commis par des "terroristes", mot utilisé par le régime pour désigner les rebelles, a annoncé la télévision officielle.

 

 

Le chef de l'Etat, dont les troupes sont engagées dans un conflit sanglant contre les insurgés, a "décrété une amnistie générale pour les crimes commis avant le 23 octobre" 2012, mais en a exclu les crimes commis par les "terroristes".

 

Le décret promulgué exclut également les "criminels en fuite", sauf dans le cas où ils se rendent, a indiqué la télévision.

 

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des dizaines de milliers de civils ont été détenus et des milliers d'autres ont disparu dans les geôles du régime depuis le début de la révolte contre M. Assad le 15 mars 2011, sans compter les milliers de soldats qui ont tenté de déserter.

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 20:30

 

Les combats ont repris de plus belle lundi en Syrie avec de nouvelles tentatives de l'armée de déloger les rebelles de leurs bastions, un haut responsable arabe jugeant minimes les chances de parvenir à un cessez-le-feu cette semaine.

 

Après un entretien dimanche à Damas avec le président Bachar al-Assad, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a appelé les belligérants à cesser "unilatéralement" le feu "à partir d'aujourd'hui ou de demain" pour la fête musulmane d'Al-Adha célébrée du 26 au 29 octobre.

 

Il a souligné qu'il s'agissait d'une "initiative personnelle", et non d'un plan détaillé de paix, pour arrêter le bain de sang dans lequel ont péri selon une ONG 34.000 personnes depuis le début il y a 19 mois du conflit déclenché par la répression brutale d'un mouvement de contestation populaire.

 

Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Ahmad ben Hilli a estimé lundi que "malheureusement, l'espoir d'instaurer une trêve en Syrie pour la fête est faible jusqu'à présent".

 

"Les signes sur le terrain et la réaction du gouvernement syrien (...) ne témoignent pas d'une volonté réelle de répondre positivement à cette initiative", a-t-il dit.

 

En écho à ces propos, les troupes du régime syrien, appuyées par les chars, tentaient de reprendre plusieurs localités aux mains des rebelles, sur les fronts d'Idleb, d'Alep (nord), de la province de Damas, Deraa (sud) et Homs (centre), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Les forces loyalistes bombardaient à l'artillerie la localité de Harasta où sont retranchés des rebelles, près de la capitale syrienne, et tentaient de la prendre d'assaut, a précisé l'ONG au lendemain d'un nouvel attentat à la voiture piégée à Damas qui a fait au moins 13 morts.

 

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), des combats avaient lieu près de la base militaire de Wadi Deif, assiégée depuis des jours par les rebelles qui tentent de la prendre, selon l'ONG qui s'appuie sur un important réseau de militants et de médecins sur place.

 

Cette base est située à la périphérie est de la ville stratégique de Maaret al-Noomane, bombardée depuis l'aube par les troupes du régime. La prise le 9 octobre de cette cité a permis aux rebelles de couper le principal axe routier utilisé par l'armée pour envoyer les renforts dans le Nord.

 

Soldat jordanien tué

 

Le régime syrien a à maintes reprises souligné sa détermination à en finir coûte que coûte avec les rebelles assimilés à des "terroristes" et accusé le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie de leur apporter un soutien militaire.

 

L'opposition a de son côté affirmé qu'elle accepterait de cesser le feu à condition que le régime arrête le premier.

 

Devant M. Brahimi, M. Assad a d'ailleurs répété que toute initiative politique devait se fonder sur "l'arrêt du terrorisme (..) avec l'engagement de certains pays impliqués, de cesser d'héberger, de soutenir et d'armer les terroristes en Syrie".

 

Face aux divisions de la communauté internationale sur les moyens de régler le conflit en Syrie, des intellectuels français ont appelé les pays occidentaux à intervenir d'urgence pour combattre "la dictature des Assad", dans une tribune publiée lundi dans le quotidien Le Monde.

 

Les intellectuels, dont Bernard-Henri Lévy et l'ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, appellent la France et les Etats-Unis à contourner le Conseil de sécurité de l'ONU paralysée par les vetos russe et chinois.

 

Le représentant spécial du président russe Vladimir Poutine, Mikhaïl Bogdanov, se trouvait lundi en Iran pour discuter de la Syrie. Téhéran et Moscou soutiennent le régime Assad et refusent toute ingérence étrangère dans ce pays.

 

La visite d'archevêques que le pape a décidé pour exprimer la solidarité de l'Eglise à la population en Syrie est "en préparation et à l'étude", en vue de permettre sa tenue "dès que possible", a annoncé le porte-parole du Saint-Siège précisant qu'il convenait "de tenir compte des évènements des derniers jours" en allusion aux attentats de Damas et Beyrouth.

 

Ce voyage est rendu encore plus compliqué par l'insécurité et la violence croissantes: l'attentat dans un quartier chrétien de Damas et l'extension de la violence au Liban, après la mort du général Wissam al-Hassan, chef des services de renseignements de la police, tué vendredi dans l'explosion d'une voiture piégée, ne facilitent pas son organisation.

 

Alors que M. Brahimi a mis en garde contre un débordement du conflit syrien si une issue n'était pas rapidement trouvée, un soldat jordanien a été tué avant l'aube dans un accrochage avec un groupe d'hommes armés qui tentaient de s'infiltrer en Syrie voisine.

 

Concernant le Liban, la presse officielle syrienne a dénoncé l'attaque menée la veille à Beyrouth contre le siège du gouvernement libanais après les funérailles du général Wissam al-Hassan dont l'assassinat a été attribué par l'opposition libanaise au régime de Damas.

 

Le Hezbollah libanais, un allié de M. Assad, occupe une place prépondérante dans le cabinet actuel. (AFF).

 

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 12:30

wissam-al-hassanTué vendredi, le chef des renseignements de la police libanaise était détesté par le régime de Damas. Après l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en 2005, il n'avait pas hésité à accuser Bachar al-Assad d'avoir fomenté l'attaque.

 

Wissam al-Hassan, chef des renseignements de la police libanaise tué vendredi dans un attentat à Beyrouth, était un général sunnite honni par le régime de Damas qu'il soupçonnait d'être derrière l'assassinat en 2005 de son mentor, l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.

 

Rondouillard, le visage barré par une moustache grise, ce général de 47 ans avait installé sa femme et ses enfants à Paris "car il se savait visé", a indiqué un des dirigeants de l'opposition libanaise hostile au régime de Damas.

 

Ses succès à la tête des renseignements des FSI ont été notamment le démantèlement de réseaux islamistes dans le pays et les réseaux d'espionnage au profit d'Israël.

 

Mais son véritable coup de maître a été l'arrestation le 9 août dernier de l'ex-ministre libanais pro-syrien Michel Samaha, soupçonné d'avoir voulu planifier une série d'attentats dans le nord du Liban pour créer le chaos dans le pays, à l'instigation du chef des renseignements syriens Ali Mamlouk.

 

Il était déjà honni par le régime de Damas, pointé du doigt non seulement dans l'attentat de M. Hariri mais également pour tous les assassinats de personnalités libanaises opposées à la Syrie entre 2005 et 2008.

 

Selon un leader de l'opposition, Samir Geagea, "ils ont visé le général Hassan car il a arrêté Michel Samaha et il était parmi les responsables de sécurité qui n'avaient peur de rien".

 

Né dans le Koura, une région dans le nord du Liban, il avait intégré l'Académie de police en 1983. Chargé du protocole de Rafic Hariri, il était la plupart du temps à ses côtés. Après son assassinat qui avait conduit au départ des forces syriennes du Liban, le général Hassan était devenu chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), la police libanaise.

 

Selon des officiers des FSI, le défunt était "l'homme des tâches difficiles" mais aussi l'homme de l'ombre. Lorsqu'il a été tué, il circulait à bord d'une voiture banalisée, sans utiliser de convoi de couverture. Ses assassins devaient le savoir puisqu'ils l'ont tué dans une ruelle avec une voiture qui attendait son passage, selon une source gouvernementale.

 

D'après les mêmes sources, le général se "déplaçait d'habitude avec des mesures de sécurité exceptionnelles".

 

"Nous avons perdu un pilier de la sécurité mais nous n'allons pas renoncer car nous devons préserver la sécurité du pays", a affirmé le chef des FSI, le général Achraf Rifi.

 

D'après M. Geagea, lui-même visé par une tentative d'assassinat en avril dernier, "le général Hassan nous alertait à chaque fois que des menaces pesaient contre nous", en référence aux membres de l'opposition hostile à Damas.

 

Interrogé si la Syrie se tenait derrière l'attentat, il a répondu "qui d'autre cela peut-il être? Depuis 2005, il y a eu une dizaine d'attentats ayant visé le 14-Mars (coalition de l'oppositon), qui d'autre à votre avis est derrière ça?". (AFP)

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 01:20

Des avions de combat ont bombardé intensément jeudi une ville clé du nord syrien aux mains des rebelles, tuant 44 personnes dont de nombreux enfants, dernier épisode en date de la guerre qui ensanglante la Syrie depuis plus d'un an et demi.

 

Dans la capitale, un homme à bord d'une moto s'est fait exploser près du siège du ministère de l'Intérieur, sans faire de victime, a indiqué un responsable des services de sécurité, alors que les attentats contre la Sécurité se sont multipliés à Damas.

 

Cette escalade survient à deux jours de l'arrivée à Damas de l'émissaire international Lakhdar Brahimi qui a dit avoir bon espoir d'obtenir une trêve pour l'Aïd al-Adha du 26 au 28 octobre, après l'accueil favorable du pouvoir et de l'opposition.

 

A une semaine de cette grande fête musulmane, les forces du régime de Bachar al-Assad ont néanmoins intensifié leurs frappes contre les bastions rebelles dans le nord pour empêcher les insurgés d'y étendre leur emprise.

 

Depuis que les rebelles ont pris le 9 octobre Maaret al-Noomane, avions de combat et hélicoptères ont multiplié les bombardements aveugles sur la ville en grande partie désertée par ses 125.000 habitants. Sa prise a permis aux insurgés de couper l'autoroute utilisée par l'armée pour envoyer des renforts.

 

Dès l'aube, les chasseurs bombardiers ont entamé leur ballet au-dessus de la cité, tournoyant à haute altitude avant de plonger en piqué pour larguer leurs engins. Ils ont visé d'abord sa périphérie est où les rebelles assiègent la base militaire de Wadi Deif, puis la ville même.

 

L'un des raids a touché deux immeubles et une mosquée proche, où étaient réfugiés des femmes et des enfants, faisant 44 morts, selon des secouristes.

 

Des enfants morts

 

"Nous avons retiré au total 44 morts des décombres, dont de nombreux enfants", a affirmé l'un d'eux. Dans un hôpital de fortune, un journaliste de l'AFP a vu une dizaine de dépouilles enveloppées dans des linceuls blancs et des sacs en plastique avec l'inscription "parties de corps".

 

Deux enfants qui jouaient dans la rue figurent parmi les victimes. L'un a été décapité et l'autre déchiqueté.

 

Des mitrailleuses lourdes de la rébellion sont entrées en action à plusieurs reprises pour tenter d'abattre ces avions, sans succès. Mercredi, un hélicoptère survolant la ville a été abattu.

 

Les combattants en armes sillonnaient les rues à bord de 4X4 surmontés de mitrailleuses lourdes guettant les avions. Des pneus étaient enflammés sur les chaussées pour que la fumée noire gêne l'aviation.

 

Les rebelles ont pour leur part bombardé de manière intense au mortier la base de Wadi Deif, où près de 250 soldats réguliers et une grande quantité de matériel et de munitions se trouvent selon les insurgés. La base contrôlerait en outre un pipe-line approvisionnant Alep en carburants.

 

Ailleurs dans le pays, les violences n'ont pas non plus connu de répit. Dans la région centrale de Homs, la ville rebelle de Qousseir, assiégée par l'armée qui a récemment pris plusieurs villages environnants, était bombardée une nouvelle fois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

A Alep, métropole du nord théâtre de combats acharnés depuis trois mois, l'armée a pilonné plusieurs quartiers, a précisé l'OSDH.


Brahimi samedi à Damas

 

C'est dans ce contexte macabre que M. Brahimi, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, arrivera samedi à Damas pour sa deuxième visite depuis sa prise de fonctions le 1er septembre.

 

Au terme d'une tournée régionale, M. Brahimi, actuellement en Jordanie, rencontrera le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, selon le porte-parole du ministère Jihad Makdissi.

 

"Attendons de savoir ce que Lakhdar Brahimi a à dire", a-t-il répondu à une question sur la possibilité d'une trêve en Syrie, où le conflit a fait, selon l'OSDH, plus de 33.000 morts depuis le début de la révolte populaire en mars 2011 qui s'est muée en conflit armé face à la répression.

 

M. Brahimi, dont la presse syrienne a salué la "diplomatie des petits pas", ne rencontrera pas M. Assad, selon son porte-parole.

 

Il concentre ses efforts pour "convaincre toutes les parties d'accepter un objectif limité et temporaire comme premier pas de la solution, un test des intentions de chaque partie, puis de le consolider et l'étendre", affirme le quotidien officiel Al-Baas à propos de l'appel à la trêve.

 

L'opposition s'était dite prête à accepter la trêve mais à condition que le régime cesse le feu en premier.

 

Néanmoins des analystes ont dit douter de la pérennité de la trêve, en raison de la complexité du conflit.

 

"Une trêve temporaire est possible, mais elle n'aura pas d'importance stratégique ni de caractère permanent", estime Paul Salem, directeur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

 

Et, note le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "sur le terrain, il y a des forces pro et anti régime qui ne répondent à aucune autorité".

 

Le conflit a une nouvelle fois débordé dans les pays voisins. L'artillerie turque a riposté à la chute mercredi sur son territoire d'un obus syrien qui n'a pas fait de victime. Et des échanges de tirs transfrontaliers se sont produits mercredi soir dans le nord du Liban, sans faire de victime. (AFP)

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 09:02

Un rugissement déchire le ciel. Un premier passage à basse altitude, puis un deuxième. Le chasseur-bombardier largue sa bombe, avant de disparaître aussi vite à l'horizon. L'explosion secoue toute la ville en un fracas d'enfer.

 

Une nouvelle journée de bombardements commence pour Maaret al-Noomane, cité contrôlée par les rebelles dans le nord de la Syrie mais cible de l'aviation du régime de Bachar al-Assad.

 

Depuis que les insurgés ont pris il y a quelques jours les dernières positions des loyalistes dans la ville et le contrôle d'une portion de l'autoroute voisine, chasseurs et hélicoptères ont multiplié les bombardements aveugles sur cette cité en grande partie désertée de ses 125.000 habitants.

 

Comme d'habitude, l'aviation a frappé aux premières heures de la journée, et une nouvelle fois sur un quartier du centre-ville.

 

Adnan Khaled Kachit avait 50 ans. Ouvrier en bâtiment, il était de passage ce matin-là chez sa mère. Un voisin venait de lui apporter des pommes de terres. Il lisait le coran assis devant sa maison.

 

La bombe, apparemment une bombonne ou un baril de TNT, est tombée en plein milieu de la rue, à une vingtaine de mètres de la maison. Adnan a été littéralement coupé en deux. Quelques minutes après la frappe, son corps affreusement mutilé gît face contre terre dans une marre de sang, à quelques pas de sa porte. Une paillasse jetée sur la dépouille cache la boucherie.

 

"Il était mon fils! Qui va s'occuper de moi?", s'écrie sa mère en pleurs, implorant le ciel en se frappant la poitrine. "Dieu tu as pris mon fils, aie pitié de son âme!". Deux femmes déjà voilées de noir tentent de la soutenir.

 

Des proches effondrés viennent tour-à-tour constater l'horreur. Un homme collecte du bout des doigts les morceaux de chair et les viscères éparpillés pour les mettre dans un seau en plastique. "On doit enlever le corps avant que ses enfants n'arrivent", souffle-t-il.

 

Au hasard

 

Des hommes du voisinage se décident finalement à transporter le lourd cadavre désarticulé. Il faut l'emballer de sacs poubelles renforcés de larges rubans de scotch pour ne pas qu'il se disloque complètement.

 

Un ancien du quartier venu aux nouvelles appuyé sur sa cane semble frappé de stupeur devant l'atrocité de la scène. Egrenant mécaniquement son chapelet de perles, un quadragénaire de la famille détourne la tête pour cacher ses larmes.

 

On lave le visage ensanglanté de la victime. "Mon fils est dans un sac plastique, laissez moi le voir une dernière fois!", pleure la mère.

 

"Regardez ce que ce régime fait à son peuple!", "Venez ici Lakhdar Brahimi (émissaire international pour la Syrie)!", interpellent des badauds.

 

Des restes encore chauds de la bombonne de TNT ont été rassemblés. L'engin a creusé un cratère de plusieurs mètres au milieu de la route, et une forte odeur de cordite prend au nez.

 

Des bris de pierres et d'acier jonchent le bitume. Les façades des immeubles voisins ont été soufflées, les rideaux de fer des commerces au rez-de-chaussée déchiquetés. Un poteau électrique coupé net par la puissante explosion finit de se consumer.

 

Il n'y a pas de trace d'infrastructure ou de rassemblement rebelle dans le quartier, à part les habituels combattants sillonnant les rues à moto. Comme la plupart des bombardements sur Maarat al-Nooman, la frappe qui a tué Adnan s'est abattue à l'aveugle et au hasard des habitations civiles.

 

La maison du "martyr" jouxte un vieux cimetière, où des fossoyeurs creusent déjà sa tombe à coup de pioche. Au total, bombardements aériens et tirs d'artillerie de l'armée syrienne ont fait au moins cinq morts, dont un adolescent de quinze ans, ce jour-là à Maarat al-Nooman.

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 12:41

Les rebelles syriens ont tué vendredi 14 soldats lors de l'attaque d'un poste dans le sud de la Syrie, au lendemain d'une journée noire où l'armée a perdu près d'une centaine d'hommes, principalement dans le nord.

 

Avec une moyenne de 20 morts par jour, l'armée syrienne compte environ 10.000 soldats tués depuis le début de la révolte en mars 2011, et au moins autant de blessés, selon une source hospitalière. En août, cette source avait fait état de plus de 8.000 morts dans les rangs de l'armée.

 

Jeudi, les forces loyalistes avaient déploré leurs plus lourdes pertes depuis le début du conflit avec 92 soldats tués, dont 39 dans la province d'Idleb (nord-ouest), théâtre d'intenses combats depuis trois jours.

 

Au total, 248 personnes -- 92 soldats, huit membres de milices pro-régime, 67 rebelles et 81 civils -- ont été tuées jeudi à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé en Angleterre et s'appuyant sur un réseau de militants et de médecins.

 

Vendredi, des rebelles ont mené une attaque à Khirba, dans la province de Deraa (sud), au cours de laquelle 14 soldats et six insurgés ont été tués, selon l'OSDH. (AFP).

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 17:54

Un correspondant d'al-Ikhbariya, chaîne de télévision officielle en Syrie, a été tué mercredi dans l'est du pays par des tirs de "terroristes", a affirmé à l'AFP la direction de la chaîne.

 

Le caméraman Mohammad al-Achram "a été visé par les terroristes" à Deir Ezzor, grande ville de l'est de la Syrie, a précisé le directeur de la chaîne Imad Sara.

 

Le journaliste était en train de filmer quand il a été touché par deux balles, dont une à la poitrine qui l'a blessé mortellement, a-t-il ajouté.

 

Fin juin, trois journalistes et quatre gardiens avaient été tués dans une attaque contre le siège de cette chaîne d'informations dans la province de Damas.

 

Le régime syrien qualifie de "terroristes" tous les opposants et combattants rebelles.

 

En raison des restrictions imposées aux journalistes professionnels par les autorités syriennes, de nombreux médias utilisent les informations fournies par des journalistes-citoyens et des militants pour suivre l'évolution de la situation sur le terrain.

 

L'armée envoie des renforts vers la ville rebelle de Maaret al-Noomane

 

"Des hélicoptères accompagnent les renforts", a indiqué le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, sans être en mesure de préciser le nombre de ces renforts.

 

L'armée syrienne envoyait mercredi des renforts vers la ville de Maaret al-Noomane, tombée la veille aux mains des rebelles, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Les forces régulières s'étaient retirées mardi de tous les barrages à l'intérieur de Maaret al-Noomane, à l'exception d'un seul à l'entrée de la ville, à l'issue de 48 heures de combats, selon l'OSDH.

 

Située sur l'autoroute reliant Damas à Alep, cette ville de la province d'Idleb (nord-ouest) est stratégique car les renforts qui se rendent à Alep (nord) doivent nécessairement la traverser. Les régions rurales alentour sont déjà tenues par la rébellion.

 

Mardi, les violences à travers le pays ont fait au moins 180 morts --84 civils, 45 rebelles et 51 soldats. (AFP).

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 20:31

Un double attentat suicide a visé notamment un important siège des services de renseignements de l'armée de l'air à Harasta, près de Damas, ont indiqué mardi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme et le Front al-Nosra, un groupuscule islamiste qui a revendiqué l'attaque.

 

Quelques heures après l'attentat, l'armée syrienne a bombardé mardi matin Harasta, située à 10 km au nord-est de Damas, a indiqué l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et médecins sur le terrain.

 

Lundi soir, deux explosions à une vingtaine de minutes d'intervalles, ont visé le siège provincial des services de renseignements de l'armée de l'air et un centre de maintenance des véhicules militaires, selon Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH.

 

La première explosion a eu lieu vers 20H30 (17H30 GMT), a-t-il précisé, ajoutant ne pas avoir de bilan pour le moment, tout en estimant que celui-ci "devrait être très lourd".

 

Le Front al-Nosra, proche d'al-Qaïda, a revendiqué sur Facebook ces attentats.

 

"Conformément à notre décision d'attaquer l'infame siège des services de renseignements de l'armée de l'air, qui est une citadelle de tyrannie, un véhicule bourré de neuf tonnes d'explosifs, conduit par le héros martyr Abouzor al Chami, a détruit l'immeuble", a écrit le groupe. "Puis 25 minutes plus tard, un autre héros martyr, Abou Yehya al-Chami, a fait sauter l'ambulance transportant une tonne d'explosifs qu'il conduisait pour détruire le reste de ce siège et tuer les survivants".

"Ensuite, nos combattants ont tiré des obus sur ce qui restait du siège", a ajouté al-Nosra, qui a revendiqué la plupart des attentats dans le pays, dont une double attaque à Damas en mai qui avait fait 55 morts.

 

Le médias officiels ont passé sous silence les attentats de lundi.


Par ailleurs, à Alep, des bombardements ont visé au sud les quartiers d'Al-Kalassé et de Boustane el-Qasr, au centre celui de Sayyed Ali et à l'est celui de Chaar. La deuxième ville de Syrie est l'enjeu d'une bataille cruciale depuis mi-juillet, selon l'OSDH.

 

Dans la région d'Idleb, proche de la frontière turque, de violents combats se déroulaient dans le village d'Arkouche. Quatre rebelles et un enfant ont péri dans des bombardement et des affrontements à Maaret al-Noomane, selon la même source.

 

Après quelques heures de répit, les bombardements ont repris mardi matin à Homs. Les forces du régime ont lancé lundi un assaut sur la ville, considérée comme la "capitale" de la révolte, et sur Qousseir, bastion rebelle voisin, dans une tentative d'y écraser les dernières poches de résistance.

 

Les violences à travers la Syrie ont fait au moins 32.000 morts, en vaste majorité des civils, depuis le début mi-mars 2011 d'un soulèvement contre le régime, selon un décompte de l'OSDH. (AFP).

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 10:29

Le 19e prix Bayeux-Calvados de correspondants de guerre s'est ouvert lundi pour sept jours, avec pour thématique phare, la Syrie, où se multiplient les actes de violence contre les journalistes syriens, y compris les professionnels des médias officiels.

 

"Comment informer lorsque le journaliste est menacé de mort?" c'est l'une des questions qui sera abordée vendredi lors d'une soirée débat intitulée "Syrie, Zone interdite", animée par Jean-Marc Four de France Culture.

 

Selon Reporters Sans Frontières (RSF) au moins dix journalistes professionnels et 21 "citoyens-journalistes" ont été tués en Syrie depuis le début de la révolte en mars 2011.

 

Mi août RSF, partenaire du Prix, avait fait part de sa "vive préoccupation quant à la multiplication des actes de violence perpétrés contre les journalistes syriens, y compris les professionnels des médias officiels ou pro-régime".

 

Une exposition dans les rues de Bayeux "Syrie, un peuple sacrifié" combine le travail de Rodrigo Abd (AP), Mani (indépendant) et Alessio Romenzi (Corbis).

 

Et Damas sera également évoqué lors d'une table ronde AFP organisée vendredi après-midi sur le thème "Blog, tweet...journalistes à l'heure des réseaux sociaux". Elle sera présentée par Marlow Hood responsable anglophone des blogs à l'AFP.

 

La guerre de Bosnie est également l'un des grands thèmes de cette 19e édition avec la projection mardi du film d'Angelina Jolie "Au pays du sang et du miel", suivie d'un débat avec Rémy Ourdan, correspondant du Monde pendant le siège de Sarajevo.

 

Une exposition présente en outre une quarantaine d'images des photographes ayant contribué au livre "Bosnia 1992-1995", dirigé par Jon Jones paru en juillet 2012.

 

La Somalie, l'Etat du Bahrein, la conflit israelo-palestinien ou la Colombie seront également évoqués lors de projections suivies de débats.

 

Lancé en 1994 par la ville de Bayeux, et organisé conjointement avec le département, le prix Bayeux-Calvados récompense des reportages sur une situation de conflit ou ses conséquences pour les civils, ou sur un fait d'actualité lié à la défense des libertés et ou de la démocratie.

 

Le jury international, présidé par Gilles Peress, ancien président de l'agence Magnum, remettra samedi sept trophées Presse écrite, Télévision, Radio, Photo, Télévision grand format, Web Journalisme, et jeune reporter.

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Le 15 mars 2011, la Syrie entre en révolution. La contestation débute dans la ville de Deraa, puis s’étend peu à peu à tout le pays. L’armée investit massivement les villes et plonge le peuple dans un quotidien incertain et dangereux. Ce site témoigne du soulèvement d'un pays pour une démocratie. Isolé, le peuple livre seul sa révolution face à une dictature transmise de père en fils depuis 1970.


 

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